Le Front national pour la défense de la Constitution, coalition de partis, syndicats et organisations de la société civile, dénonce une « gestion unilatérale de la transition ».
Un collectif a appelé, lundi 8 août, à une nouvelle manifestation contre la junte au pouvoir en Guinée le 17 août, mettant fin à une trêve, faute de réponses à ses demandes de « dialogue crédible » sur la transition vers un pouvoir civil.
Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de partis, de syndicats et d’organisations de la société civile, était à l’initiative des manifestations organisées les 28 et 29 juillet, interdites par les autorités et où cinq personnes ont été tuées, pour dénoncer la « gestion unilatérale de la transition » par la junte.
Il avait ensuite suspendu ses mouvements de contestation pour une semaine, dont celui prévu dans tout le pays le 4 août, « à la demande expresse » du chef de l’Etat bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo, président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Le colonel Mamady Doumbouya, qui a renversé le 5 septembre 2021 le président Alpha Condé, à la tête du pays depuis 2010, s’est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans. Or la quasi-totalité des acteurs politiques du pays et les Etats ouest-africains, médiateurs dans ce dossier, veulent qu’il raccourcisse ce délai.
La Cédéao a ainsi appelé le 1er août « les autorités guinéennes, la classe politique et la société civile à engager un dialogue inclusif afin de désamorcer la tension et de convenir d’un calendrier et de modalités raisonnables pour le rétablissement pacifique de l’ordre constitutionnel ».
« Dialogue crédible »
Or la junte refuse « de répondre aux nombreux appels au dialogue sur la transition », a dénoncé lundi le FNDC dans un communiqué critiquant également « l’attitude de défiance chronique » du pouvoir guinéen vis-à-vis de la Cédéao, sa « gestion unilatérale et autoritaire de la transition » et « l’usage illégal d’armes létales dans la gestion des manifestations ».
Outre l’ouverture d’un « dialogue crédible » avec les acteurs politiques et la société civile sur la fixation d’un délai raisonnable et consensuel de la durée de la transition, le FNDC exige de la junte la libération sans condition de tous ses militants arrêtés lors des dernières manifestations.
Deux leaders du collectif, Oumar Sylla, alias Foniké Mangué, et Ibrahima Diallo, ainsi que Saïkou Yaya Barry, secrétaire exécutif de l’Union des forces républicaines (UFR), étaient toujours écroués lundi à la prison civile de Conakry après avoir été inculpés de « participation à un attroupement interdit, de pillages, de destruction de biens publics et privés, de coups et blessures volontaires ».
Foniké Mangué, coordinateur du FNDC, a été entendu dans la journée. « Il ne reconnaît pas les faits » qui lui sont reprochés et « considère être dans son droit de lutter pour l’instauration de la démocratie », a déclaré à la presse son avocat, Me Thierno Souleymane Barry.
Le président Embalo a assuré fin juillet avoir convaincu la junte de réduire le délai de transition pour un retour à la démocratie de trois ans à deux, une information qui n’a pas été confirmée par les autorités guinéennes.
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