Emmanuel Macron a fait part de ses “inquiétudes” portant sur les exactions commises dans le Sahel contre la population civile, notamment peule. Dans le viseur du président français, le groupe paramilitaire russe Wagner, mais également la junte au pouvoir au Mali. Cette dernière riposte.
Il aura suffi d’un commentaire d’Emmanuel Macron, lors de sa visite en Guinée-Bissau, le 28 juillet, sur la situation sahélienne pour que la junte malienne s’enflamme à nouveau contre la France.
“Sur cette lancée incendiaire”, s’indigne Mali Web, Emmanuel Macron a également parlé de “violences systématiques visant les populations peules.” “Pur délire !” s’insurge le site d’actualité malien. Il s’agit d’exactions imputées à l’armée malienne contre des membres de la communauté peule lors de récentes opérations, notamment dans la localité de Moura, dans le centre du pays où, selon Human Rights Watch, quelque 300 civils auraient été exécutés fin mars.
“Posture néocoloniale”
C’est par voie de communiqué que la junte a répondu. Selon Mali Actu, qui reprend la déclaration officielle malienne, le colonel Abdoulaye Maïga – porte-parole du gouvernement.
Exactions des milices de Wagner
Le Président français a également évoqué les miliciens de la société privée russe de sécurité « Wagner » et fait état de ses « inquiétudes sur l’amplification des violences contre les populations civiles au Sahel, et plus largement maintenant dans toute la sous-région [ouest-africaine] », faisant référence aux « exactions commises par les mercenaires déployés au Mali et dont les agissements sont désormais documentés par les rapports des Nations unies ».
Outre sa dénonciation des exactions des mercenaires de la compagnie russe Wagner, Emmanuel Macron a également condamné « les violences systématiques, sous couvert de lutte contre le terrorisme, ciblant le peuple peul » et souligné la « responsabilité des États de la région pour sanctionner les coupables et exercer leur vigilance » afin « d’enrayer cet engrenage qui pourrait déstabiliser l’ensemble de la région ».
Le Président a jouté que l’ensemble des défis auxquels est confrontée la sous-région Sahel-Afrique de l’Ouest témoigne de « la complexité de cet agenda » commun aux pays de la sous-région et de « la nécessité d’agir ensemble ».
– Relations bilatérales avec la Guinée-Bissau
Sur le plan de la « coopération bilatérale » avec la Guinée-Bissau, Emmanuel Macron a tenu à « réitérer la condamnation ferme de la France, de la tentative de coup d’État de février dernier et saluer les efforts qui ont été faits sur la voie de la stabilité » dans le petit pays lusophone d’Afrique de l’Ouest.
Le chef d’État français a également exprimé « tout mon soutien au Président et à son gouvernement dans la lutte contre le narcotrafic et toute forme de trafic qui déstabilise le pays ».
Il a poursuivi son discours en soulignant que « la France poursuit son soutien à l’économie de votre pays dans un contexte lourdement impacté par la pandémie de covid-19 et aggravé par la guerre en Ukraine », précisant « qu’une aide budgétaire globale de 1,5 million d’euros » a été accordée par la France en 2021 et qu’une « nouvelle aide budgétaire pour contribuer à la stabilité du pays, à très court terme, d’au moins 3 millions d’euros, » sera prochainement débloquée.
Emmanuel Macron a, par ailleurs, exprimé la volonté de son pays de « financer un projet dans le domaine de l’agriculture d’un montant d’1,5 million d’euros pour la formation d’une quinzaine de jeunes agronomes, dont 10 femmes, à l’École d’agronomie de Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire ».
Le Président français a également déclaré vouloir « poursuivre cette démarche originale par le renforcement de la coopération entre nos deux pays dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentaire, pour aider à accroître la production […] en particulier celle du riz ».
– L’ouverture d’une école française en Guinée-Bissau
Saluant « la place de la langue française en Guinée-Bissau comme en témoigne le nombre croissant de francophones », il a fait état de la volonté de la France « d’accompagner cette dynamique avec l’ouverture prochaine d’une école française » à la rentrée 2023, à travers « la mobilisation d’investisseurs privés issus de la sous-région ».
Emmanuel Macron a également indiqué être parvenu à une compréhension mutuelle avec son homologue bissao-guinéen pour « renforcer la coopération bilatérale sur le plan de la défense dans les domaines de l’équipement, de la lutte contre la piraterie maritime et la pêche illicite et de la formation des cadres militaires ».
Enfin, le Président français a annoncé la mise en place d’un projet à travers l’Agence française pour le développement (AFD) pour la « rénovation des salles omnisports de Guinée-Bissau » qui faciliterait l’accès au sport pour 15 000 jeunes Bissao-guinéens.
Le chef d’État français a, ainsi, achevé sa tournée en Afrique de l’Ouest, après ses visites au Cameroun lundi et au Bénin mercredi, avant son retour à Paris, où il accueillera le prince héritier saoudien Mohammed Bin Salmane, à l’Élysée.