Rassemblement des troupes dans la cour des services spéciaux. Kalachnikov en bandoulière, les agents se préparent à une nouvelle opération contre la kush. La quatrième en un mois. À leur tête, le secrétaire général, Abdoul Malick Koné : « Tout le monde a pris son équipement ? Gilet, brassard ? Les endroits restent anonymes jusqu’à l’arrivée. Soyez prêts à bondir ».
La destination reste secrète. Le convoi d’une dizaine de véhicules se met en route, traverse la ville à vive allure. Les agents sautent des pick-ups, arrivés à proximité d’un terrain vague en bordure de mer. Il est fermé par une porte en tôle.
Deux présumés dealers sont interpellés. Une vingtaine de doses de kush sont saisies. « Ça, c’est la dernière transformation avant la vente », affirme un agent des services spéciaux.
C’est une poudre brune contenue dans un petit papier plié en carré. La recette de la kush est d’une grande simplicité : du cannabis pilé est mélangé à des produits chimiques : acétone, formol, on peut trouver aussi des opioïdes. Une dose ne coûte presque rien, selon cet agent. 5 000 francs guinéens équivalent à un peu plus de 50 centimes d’euros.
Abdoul Malick Koné : « Tout ce que l’on a saisi vient de la Sierra Leone et c’est en train de venir ici. Mais nous nous voulons arrêter l’hémorragie maintenant, avant que ça ne contamine le reste du pays parce que ce sont des choses qui se métastasent. Nous avons besoin d’une synergie d’action. Nous, nous intervenons, nous saisissons la drogue, nous interpellons les individus, mais derrière il faudrait que les ministères sectoriels nous accompagnent ». Le 24 novembre, en conseil des ministres, le gouvernement a annoncé des mesures : huit ministères ont été sollicités pour mener la lutte.
C’est dans ce genre d’endroits, sur le front de mer, dans les ports artisanaux, les débarcadères officiels ou clandestins qu’arrive la drogue produite en Sierra Leone où là-bas, elle a fait des ravages au sein de la population.
Crainte de la population
Une jeune femme vient d’assister à l’opération des services spéciaux : « J’approuve ! Il y a beaucoup de jeunes qui perdent la tête ces derniers temps à cause de la drogue. Moi, je suis venue chercher mon petit frère ici. Il travaille au garage à côté et je pensais qu’il était dedans. C’est pas facile, on a tous peur maintenant ».
Mais les hommes d’Abdoul Malick Koné manquent de moyens et la kush a l’avantage du terrain. La zone à surveiller est immense : plus de 300 km de littoral, 650 km de frontière terrestre avec la Sierra Leone