Procès du massacre du 28-Septembre en Guinée: l’ex-chef d’état-major Oumar Sanoh témoigne

En Guinée, c’était une comparution très attendue dans le procès du massacre du stade de Conakry en 2009 : celle du chef d’état-major général des forces armées à l’époque des faits. Le colonel Oumar Sanoh a été auditionné toute la journée en qualité de témoin. Il a donné plusieurs éléments importants sur la répression qui s’est abattue le 28 septembre 2009 sur un meeting de l’opposition, faisant plus de 150 morts. Compte-rendu d’audience.

Le procès du massacre du 28 septembre 2009 se tient dans un nouveau tribunal à Conakry.
Le procès du massacre du 28 septembre 2009 se tient dans un nouveau tribunal à Conakry. © Matthias Raynal / RFI

Au cœur de l’appareil sécuritaire de la junte de Moussa Dadis Camara, le colonel Oumar Sanoh. Il raconte avoir ordonné aux militaires de rester dans leur caserne le 28 septembre 2009. « Chaque heure, j’appelais le chef d’état-major pour me dire comment ça se passe dans les camps et il me disait que les gens sont en place. Personne n’est sorti ».

Pourtant, au milieu de la journée, il reçoit un appel à son bureau. À l’autre bout du fil, une femme. « Elle se présente à moi, je suis responsable de la Croix-Rouge guinéenne. Elle me dit : « je suis au stade, on est débordé, il y a beaucoup de blessés et il y a des morts. Je voudrais que vous m’aidiez à avoir des ambulances » ».

Oumar Sanoh finit par envoyer des camions militaires qui servent à transporter les dépouilles des manifestants tués au stade. « Il y a 155 corps que la dame a embarqué dans les trois camions. C’est les 155 qu’ils ont déposés à la morgue ».

100 corps disparus

Oumar Sanoh dit avoir rencontré le président le soir du massacre. Il criait sur ses hommes, les accusant de l’avoir trahi. « On trouve le président Dadis dans le salon. Il criait sur ces gens : « vous m’avez empêché de sortir, je voulais aller calmer les gens ». Il n’a pas pu sortir, qu’il connaît les militaires guinéens, « voilà ce qu’ils ont fait, ils m’ont trahi » ».

La junte d’alors avait restitué 54 corps aux familles des victimes lors d’une cérémonie organisée à la grande mosquée de Conakry. Une question demeure, où sont les autres corps ?

Me Bomby Mara avocat du ministre de la Santé d’alors, dénonce. « Le chef d’état-major de l’armée en dépit qu’il bénéficie de la présomption d’innocence, il est censé nous indiquer où se trouvent les 100 autres corps. Donc, il a participé à la dissimulation de ces corps. C’est une évidence, c’est une déclaration qui véritablement contradictoire, erronée, des contre-vérités pures et simples ».

Si la justice est en cours, le deuil, pour certaine famille, ne se fera pas si les corps ne sont pas rendus.

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