Il est 7 h du matin, dans la cour de sa concession, la poule et les poussins sont déjà réveillés. Oumou Barry s’apprête à rejoindre la maison des survivantes. Cette grand-mère est une rescapée du stade de Conakry.
« J’avais 50 ans quand j’étais au stade. Ce que j’ai subi, c’est inexplicable. Tu vois un enfant qui a le même âge que ton propre garçon qui te fait du mal… », raconte-t-elle. À mots couverts, Oumou Barry raconte son viol.
Sans politique de réparation, les femmes ont dû se prendre en main. « Personne ne nous a assistées. Même le gouvernement », dénonce Oumou Barry. « Il faut qu’on soit fortes maintenant. Il n’y a plus de pleurs, si tu pleures, qu’est-ce qu’il y a ? Qui peut t’aider ? »
La maison des survivantes est née de cette prise de conscience, de cette révolte. Les femmes ont pu alors compter sur quelques soutiens : celui de l’Association des victimes du 28 septembre 2009, l’Avipa, celui de l’OGDH, l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme, et puis une ONG les a aidées : le Global Survivors Fund, fondé par les prix Nobel de la paix Nadia Murad et Denis Mukwege.
Une aide médicale, psychologique et juridique
Il faut un peu plus d’une heure à Oumou Barry pour rejoindre le centre implanté dans le village de Moribayah, à 70 kilomètres de Conakry. Ici, les survivantes ont un local pour leurs activités économiques, mais pas seulement, elles vont pouvoir bénéficier, à terme, d’une aide médicale, psychologique, mais aussi d’une clinique juridique.
Ce jour-là, six femmes fabriquent du savon qui sera vendu sur les marchés. « Après les événements du 28-Septembre, je ne peux pas dire que cela nous a rendues complètement pauvres, mais on a été pour beaucoup des victimes », confie Idiatou Baldé. « Beaucoup d’entre nous ont perdu leur boulot, renvoyées par leur mari, et jusqu’à présent, il y a ces conséquences qui agissent sur nous »
Idiatou Baldé répond aux questions avec aplomb. Cette maison des survivantes a permis à toutes ces femmes de reprendre confiance en elles. Les survivantes attendent désormais que l’État prenne le relais et s’engage dans un véritable programme de réparation.
Rfi