Guinée: les femmes victimes du 28 septembre 2009 créent une maison des survivantes

Ce samedi 25 novembre, c’est la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. En Guinée, une initiative originale a vu le jour. Il y a 14 ans, plus d’une centaine de femmes étaient violées au grand stade de Conakry par des militaires guinéens venus interrompre, les armes à la main, un meeting de l’opposition. Pour permettre aux victimes de se reconstruire, des associations guinéennes et une ONG internationale ont créé une maison des survivantes. Inaugurée le 28 septembre dernier, elle se met en route tout doucement.

À la maison des survivantes, des rescapées du massacre du stade de Conakry fabriquent des savons pour les vendre au marché, le 22 novembre 2023.
À la maison des survivantes, des rescapées du massacre du stade de Conakry fabriquent des savons pour les vendre au marché, le 22 novembre 2023. © Matthias Raynal / RFI

Il est 7 h du matin, dans la cour de sa concession, la poule et les poussins sont déjà réveillés. Oumou Barry s’apprête à rejoindre la maison des survivantes. Cette grand-mère est une rescapée du stade de Conakry.

« J’avais 50 ans quand j’étais au stade. Ce que j’ai subi, c’est inexplicable. Tu vois un enfant qui a le même âge que ton propre garçon qui te fait du mal… », raconte-t-elle. À mots couverts, Oumou Barry raconte son viol.

Sans politique de réparation, les femmes ont dû se prendre en main. « Personne ne nous a assistées. Même le gouvernement », dénonce Oumou Barry. « Il faut qu’on soit fortes maintenant. Il n’y a plus de pleurs, si tu pleures, qu’est-ce qu’il y a ? Qui peut t’aider ? »

La maison des survivantes est née de cette prise de conscience, de cette révolte. Les femmes ont pu alors compter sur quelques soutiens : celui de l’Association des victimes du 28 septembre 2009, l’Avipa, celui de l’OGDH, l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme, et puis une ONG les a aidées : le Global Survivors Fund, fondé par les prix Nobel de la paix Nadia Murad et Denis Mukwege.

Une aide médicale, psychologique et juridique

Il faut un peu plus d’une heure à Oumou Barry pour rejoindre le centre implanté dans le village de Moribayah, à 70 kilomètres de Conakry. Ici, les survivantes ont un local pour leurs activités économiques, mais pas seulement, elles vont pouvoir bénéficier, à terme, d’une aide médicale, psychologique, mais aussi d’une clinique juridique.

Ce jour-là, six femmes fabriquent du savon qui sera vendu sur les marchés. « Après les événements du 28-Septembre, je ne peux pas dire que cela nous a rendues complètement pauvres, mais on a été pour beaucoup des victimes », confie Idiatou Baldé. « Beaucoup d’entre nous ont perdu leur boulot, renvoyées par leur mari, et jusqu’à présent, il y a ces conséquences qui agissent sur nous »

Idiatou Baldé répond aux questions avec aplomb. Cette maison des survivantes a permis à toutes ces femmes de reprendre confiance en elles. Les survivantes attendent désormais que l’État prenne le relais et s’engage dans un véritable programme de réparation.

Rfi

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