En Guinée, Claude Pivi, l’introuvable fugitif

L’ex-ministre, dont le procès au côté de Moussa Dadis Camara est en cours pour leur implication dans le massacre du 28 septembre 2009, s’est évadé début novembre.

 

L’ex-ministre, dont le procès au côté de Moussa Dadis Camara est en cours pour leur implication dans le massacre du 28 septembre 2009, s’est évadé début novembre

 

Le Guinéenn Claude Pivi, ancien ministre de la sécurité présidentielle, en 2009 à Conakry.

Du temps de sa toute-puissance, il n’était pas difficile de trouver Claude Pivi à Conakry. Le colosse recevait dans son bureau de ministre de la sécurité présidentielle où s’entassaient de fausses statues de la Vierge Marie tout en stuc et de vrais billets de banque. La porte était gardée par un jeune homme albinos censé être doté de pouvoirs mystiques. La junte à laquelle il appartenait a depuis été remplacée par une autre et tous les premiers rôles, ou presque, de l’équipe qui la constituait sont en prison pour le massacre commis le 28 septembre 2009 dans le stade de la capitale guinéenne.

Tous sauf un. Depuis le 4 novembre 2023 et son évasion de la maison centrale de Conakry, Claude Pivi est en cavale, invisible, introuvable, redouté par le pouvoir qui en a fait l’homme le plus recherché du pays et terrifiant pour les survivants et les familles des victimes du « lundi noir ». Selon le rapport d’une commission d’enquête des Nations unies, au moins 156 personnes furent tuées, des centaines blessées et plus de 109 femmes violées ce jour-là pour avoir voulu contester au fantasque capitaine Moussa Dadis Camara, président de la Guinée entre 2008 et 2010, le droit de se présenter à la prochaine élection.

Numéro vert

Après l’opération commando qui avait permis la « libération » de l’ancien ministre, mais aussi celle de l’ex-dictateur et des colonels Tiégboro Camara et Blaise Goumou, « Dadis » et ses codétenus, n’ont, eux, pas tardé à être rattrapés. Ils sont à nouveau dans le box des accusés du procès le plus suivi de Guinée, qui s’est ouvert fin septembre. Mais Claude Pivi, dont « la belle » avait été organisée par l’un de ses fils, Verny, court toujours. Le ministre de la justice et des droits de l’homme, Alphonse Charles Wright a offert une récompense de 500 millions de francs guinéens (55 000 euros) « à toute personne qui faciliterait son arrestation ». Un numéro vert, le 1015, a même été ouvert par les autorités pour faciliter sa traque.

Selon le porte-parole de l’Organisation guinéenne des droits de l’homme (OGDH), Alseny Sall, Claude Pivi reste craint des Guinéens mais aussi du pouvoir en place. « Il a encore beaucoup d’influence dans l’armée, explique-t-il. Il inquiète. Lors de ses auditions [à la barre du tribunal de première instance de Dixinn], il se vantait d’être le seul parmi les accusés à avoir fait véritablement la guerre. »

Au sein du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), où chaque officier conservait jalousement ses hommes auprès de lui afin d’afficher sa puissance, Claude Pivi jouissait d’une réputation construite dans les guerres qui ont secoué les pays voisins. Durant les années 1990, il participa ainsi aux opérations militaires déclenchées par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en Sierra Leone, en Guinée-Bissau mais surtout au Liberia, où il aurait assuré un temps la sécurité de Charles Taylor, chef de guerre, futur président, condamné en 2012 à cinquante ans de prison pour « crimes contre l’humanité » par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone.

Claude Pivi reste toujours introuvable.

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