Ousmane Gaoual Diallo, porte-parole du gouvernement guinéen et le ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Economie numérique. AFP – JOEL SAGET
En Guinée, l’annonce d’une tentative de coup d’État continue de faire réagir. Le 2 janvier 2024, la télévision nationale a présenté les auteurs d’un putsch qui aurait été avorté il y a déjà plusieurs mois. Mais ce reportage de 15 minutes qui détaille l’opération manquée a laissé beaucoup de téléspectateurs dubitatifs, notamment sur sa crédibilité, voire sur la véracité même des faits présentés.
Le porte-parole du gouvernement Ousmane Gaoual Diallo a insisté au micro de Sidy Yansané sur le fait que cette tentative de putsch a bel et bien eu lieu : « C’est une opération qui a été tuée dans l’œuf. Cela ne fait l’objet d’aucun doute. Maintenant, qu’il y ait des questionnements, c’est une société qui a été nourrie depuis son indépendance par des vrais et des faux coups d’État qui ont emporté souvent certains de nos compatriotes. Donc, quand on parle de coups d’État, fondamentalement, il y a une frange de notre population qui peut se poser des questions. »
Il poursuit : « Avec le temps, on pourra aussi comprendre ce qui s’est passé parce que les auteurs sont là. Et puis, les informations peut-être plus structurées pourront être mises à disposition des populations, et ça permettra de dissiper les doutes des uns et des autres. Ce sont des doutes qui sont légitimes dans une société qui n’a connu que des règlements très durs de ce type d’action. »
Du côté de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), principale force d’opposition et actuellement en exil, avait déploré un retour aux pratiques du régime de Sékou Touré, le père de l’indépendance guinéenne, et adepte des complots fictifs.
« En 1970, 1971, 1972, moi, j’étais encore à l’université, raconte-t-il au micro de Sidy Yansané. J’ai vu ces jeunes femmes, ces dames, ces militaires, reconnaître avoir comploté, sollicité l’indulgence du président, le remercier pour sa clémence. Ça m’a rappelé, il ne manquait plus que l’ardoise sur laquelle était inscrit leur nom ».
Il accuse : « Je pense qu’on est en train d’assassiner la liberté de la presse. Je vois ce qui se passe, on a coupé internet, on a coupé les principales radios. J’ai des doutes, personnellement, je ne sens aucune volonté politique de rétrocéder le pouvoir au civil, parce qu’aujourd’hui, on n’a pas de fichier électoral. On n’a pas de code électoral, on n’a pas d’opérateur technique, on n’a pas de découpage. Tout ce qui concourt à l’organisation des élections, rien n’a été fait encore. »
Pour rappel, le 5 septembre 2021, le colonel Mamadi Doumbouya avait conduit un coup d’État qui avait renversé le président Alpha Condé, au pouvoir depuis plus de 10 ans. Après ce putsch, le colonel Doumbouya s’était fait investir président et s’était engagé à remettre le pouvoir à des civils élus fin 2024.
Rfi