1. Pourquoi trois semaines après l’incendie du dépôt des hydrocarbures de Coronthie, ni le Président de la transition, encore moins le gouvernement de transition, n’ont édifié le peuple de Guinée sur les premiers éléments de l’enquête comme on le fait souvent dans un Etat normal où le principe de redevabilité est de mise ?
2. Pourquoi depuis l’annonce par le ministre de la justice Alphonse Charles WRIGHT le 19 décembre 2023 de l’ouverture d’une information judiciaire, aucun élément de réponse n’est disponible pour le grand public sur l’origine de cet incendie ?
3. Pourquoi depuis que le procureur général près la Cour d’Appel de Conakry a instruit, le 20 décembre 2023, le procureur de la république près le tribunal de première instance de Kaloum, d’ouvrir, sans délai, des enquêtes judiciaires contre X pour des faits présumés d’incendie volontaire dudit dépôt, destruction, dégradation d’édifices publics et privés, homicide, coups et blessures volontaires, complicité, prévus et punis par les dispositions des articles 510, 523, 206 et suivant 239 et suivant 19-20 du code pénal, ce dernier n’a fait à ce jour aucune communication au public ?
4. Pourquoi sous d’autres cieux, face à de telles tragédies, le procureur de la République de la juridiction compétente anime au quotidien un point de presse pour mettre à la disposition du public des éléments d’informations qui n’entravent pas le caractère secret de l’enquête alors que la loi de l’omerta règne en maîtresse chez nous?
5. Pourquoi la Justice a ouvert une enquête contre X pour « 𝗶𝗻𝗰𝗲𝗻𝗱𝗶𝗲 𝘃𝗼𝗹𝗼𝗻𝘁𝗮𝗶𝗿𝗲 » alors que cette piste a pourtant été exclue par le porte-parole du gouvernement qui évoque plutôt un « 𝗮𝗰𝗰𝗶𝗱𝗲𝗻𝘁 𝗶𝗻𝘃𝗼𝗹𝗼𝗻𝘁𝗮𝗶𝗿𝗲 » ?
6. Est-ce que la Société Guinéenne des Pétroles (SGP) dispose d’un dispositif anti-incendie interne ? Quel est le mécanisme de sa mise en route en cas d’incendie interne ?
7. Quelles sont les caractéristiques d’un incendie interne dans un tel dépôt d’hydrocarbures, ses origines possibles et ses manifestations ?
8. Pourquoi le procureur général près la Cour d’Appel de Conakry oriente les enquêtes judiciaires contre X pour des faits présumés d’incendie volontaire dudit dépôt, destruction, dégradation d’édifices public et privé, homicide, coups et blessures volontaires, complicité, prévus et punis par les dispositions des articles 510, 523, 206 et suivants, 239 et suivants, 19-20 du code pénal ? La nature des infractions et leurs qualifications étaient-elles disponibles avant l’incendie ?
9. Plutôt que de rassurer les populations Guinéennes encore sous le choc, pourquoi trois jours après le drame de Kaloum, les autorités de la transition nous assomment de discours qui laissent présager un lendemain sombre aux conséquences sans précédent, en bref, du sang, du labeur, des larmes et de la sueur, pour reprendre les termes de Churchill?
Loin du logiciel populiste infantilisant habituel, ces discours alarmistes ont tour à tour été tenus par le Président du CNRD depuis le palais M5 mais aussi le premier ministre, le ministre des affaires étrangères, le gouverneur de la BCRG, le ministre de l’économie et son homologue du budget.
10. Pourquoi les causes de l’incendie qui a fait au moins 23 morts, des blessés et d’importants dégâts matériels, ont été noyées dans un ‘‘édito’’ de la Cellule de communication de la présidence (DCI), diffusé sur la télévision nationale et sur la page Facebook de la Présidence, dès après l’adresse à la Nation du Chef de l’Etat.
En effet, selon la DCI, ‘‘l’incendie qui s’est déclaré dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023, au dépôt principal de la Société Guinéenne des Pétroles (SGP) à Kaloum, fait partie de ces tristes et douloureux événements que l’on pourrait loger à la même enseigne des catastrophes industrielles inhérentes au cheminement de développement de toute Nation. Qu’il s’agisse de Centres de stockage d’hydrocarbures ou de plateformes pétrolières, l’Afrique, notamment la Guinée, n’est pas un cas isolé des risques sécuritaires liés aux incendies’’.
11. Pourquoi la présidence (DCI) a d’emblée tranché en écartant toute origine criminelle de l’incendie dans cet edito ? D’ailleurs, avec un cynisme glacial, elle estime que c’est dans l’ordre normal des choses.
12. Quelle suite faut-il alors donner aux enquêtes judiciaires ouvertes sur instruction du procureur général près la Cour d’Appel de Conakry ‘‘contre X pour des faits présumés d’incendie volontaire dudit dépôt, destruction, dégradation d’édifices public et privé, homicide, coups et blessures volontaires, complicité, prévus et punis par les dispositions des articles 510, 523, 206 et suivants 239 et suivants 19-20 du code pénal’’ ?
13. Pendant que le pays traversait une situation de crise inédite consécutive à l’incendie au principal dépôt d’hydrocarbures de la capitale, le journal indépendant africaintelligence faisait des révélations troublantes sur un « deal »entre Conakry et Abou Dabi. Selon Africa Intelligence, les deux parties s’apprêtent à signer un important contrat d’une valeur potentielle de 150 millions d’euros, qui vise à équiper l’armée et les forces de sécurité guinéennes de véhicules blindés. Et, pour financer le projet, des contreparties minières liées à l’exploitation de la bauxite auraient été évoquées.
14. Pourquoi, en date du 20 décembre 2023, le CEMGA a ordonné à travers un message radio transmis aux différents chefs d’états major et chefs d’unités que tous les militaires en congés ou en permissions à l’intérieur ou à l’extérieur sont sommés de rallier « immédiatement » leurs unités ?
Voici autant d’interrogations et de zones d’ombres qui taraudent l’esprit de bien de Guinéens et d’observateurs étrangers.
Je vous laisse méditer sur cette pléthore de questions sans réponses tout en vous souhaitant de bonnes fêtes de Noel et de nouvel an dans ce paradis de pacotille.
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SEKOU KOUNDOUNO
RESPONSABLE DES STRATÉGIES ET PLANIFICATION DU FNDC