Les deux sœurs allient la mode à la collecte de fonds pour l’éducation des jeunes filles et ont toujours eu à cœur d’œuvrer pour l’émancipation des femmes : lutte contre le mariage forcé, l’excision, toutes les violences faites aux femmes et pour le développement de l’enseignement des jeunes filles et l’emploi des femmes. Nous les avons rencontrées lors du dernier Festival International de Mode Africaine, le FIMA, à Rabat.
Nous voulons avoir un impact positif au niveau des femmes guinéennes.
Aminata Diallo
Ce que j’aime beaucoup dans les activités que nous faisons c’est par exemple quand nous ramenons du tissu guinéen, tout le monde est intéressé. C’est quoi ? C’est une fierté de ramener ce que la Guinée produit au niveau national sur un plan international .
Binta Diallo
Aminata Diallo est née en Guinée, après son bac, elle part en France pour poursuivre ses études que malheureusement, elle ne peut pas continuer. En 1998, elle immigre aux États-Unis, elle y travaille comme nounou et rencontre une famille qui change complètement sa vie. Tout commence par la fondation Mina Foundation Guinea, qu’elle a créée aux États-Unis en 2002 pour aider les femmes.
« J’ai commencé par la fondation Mina parce que, quand je suis partie de chez moi, il y avait tellement de carences, il y avait tellement de choses qui manquaient. J’ai rencontré une famille qui a été tellement merveilleuse avec moi. C’est comme ma famille d’adoption. Ils ont commencé à me donner des affaires pour ramener en Guinée. Chaque année, cela faisait plus »,explique Aminata Diallo. « Dans le quartier où je travaillais, tout le monde me connaissait, donc, chaque personne me ramenait des choses. Je redonnais en Guinée, ma mère partageait avec tout le village, tout le monde, mais cela venait directement de ma poche. Après quelques années, je me suis dit, mais pourquoi ne pas faire une organisation ? Cela prenait de l’ampleur. Du village, cela est devenu plus grand, donc l’histoire a commencé là. »
Valoriser la mode guinéenne
Riche de l’expérience de son parcours de mannequin international, Binta Diallo avec sa sœur Aminata, fondent en 2016, la Guinean Fashion Fest, la Fête de la Mode Guinéenne, afin de valoriser la mode et de promouvoir la créativité des stylistes guinéens au niveau national, régional et international. Binta Diallo. « J’ai fait Miss Guinée, North America, je suis allée aussi au Mexique pour participer à Miss Piel Dorada, à Paris Miss Union Africaine. En 2013, j’ai défilé à la fashion week de Dakar. »
« Une fois rentrée, j’ai expliqué à ma sœur l’importance d’organiser un événement en Guinée pour accompagner tous les stylistes locaux du pays et en même temps international. Bien que les stylistes guinéens soient talentueux, il y avait toujours quelque chose qui manquait, donc, ma sœur avec la mise en place de l’école a pu les aider au niveau de la finition, au niveau des coupes. Moi, je savais qu’un jour, j’allais créer ma propre marque, faire connaître ma marque qui s’appelle Kade Collection, qui est confectionnée à l’école KPAAF par nos étudiantes. »
Avec sa sœur Binta Diallo, Aminata ouvre en 2018 la KPAAF Guinée, un centre de formation professionnelle de couture et des métiers de la mode. Ces militantes de la cause des femmes s’engagent dans l’apprentissage avec cette école qui forme chaque année plus d’une centaine de jeunes filles. « Il y a des formations de neuf mois pour le renforcement de capacités. Il y en a aussi qui durent trois ans. Nous enseignerons l’entrepreneuriat dans la mode, l’informatique, le digital dans la mode et plein d’autres formations que nous allons proposer et qui englobe la mode »,précise Aminata Diallo.
« J’ai décidé de faire une école 100% jeunes filles, parce que ces jeunes femmes sont laissées à l’abandon. Ces jeunes filles sont mariées très jeunes. Moi, j’ai souffert de cela, j’ai souffert d’avoir eu un enfant à 18 ans et de la réaction de mes parents pour qui c’était la fin du monde. Il m’a fallu me cacher, pendant trois ans. Mais j’avoue que maintenant les mentalités sont en train de changer », ajoute la créatrice.« À travers cette école, je peux vous dire que même si nous n’avons pas atteint le but, les résultats sont vraiment formidables. Nous accompagnons ces femmes pour qu’elles-mêmes créent leur propre entreprise. Nous avons 25 femmes en fin de cursus, qui en sortant de l’école depuis que nous avons ouvert, ont été accompagnées jusqu’à la création de leur propre atelier. Elles ont maintenant leur propre apprenti. Elles sont autonomes maintenant. »
Rfi