L’armée sénégalaise est véritablement une armée républicaine, une armée qui s’interdit d’interférer dans les affaires politiques.
Il faut espérer qu’elle restera républicaine dans l’intérêt de la démocratie. Dans les pays à tradition de coups d’État où le moindre prétexte est exploité par des hommes en uniforme pour s’emparer du pouvoir, ce qu’il se passe depuis quelques jours au Sénégal aurait largement suffi pour renverser le président en fonction. Surtout qu’en pareilles circonstances, les opposants politiques n’hésiteraient pas à saluer et applaudir l’intervention ou la prise de responsabilité par les forces armées, quitte à le regretter par la suite. On aurait parlé d’un coup d’État « salvateur », d’une délivrance du peuple en oubliant que la prise du pouvoir par un procédé non prévu par la constitution est toujours une anomalie, un accident, une situation contre nature.
N’en déplaise aux pourfendeurs de la démocratie dite « occidentale » et défenseurs de la « démocratie adaptée à nos réalités » qu’on a du mal identifier.
Les démocrates africains devraient tous prier pour que le Sénégal demeure ce modèle, quoiqu’imparfait, de démocratie en Afrique de l’Ouest francophone.
Le Sénégal ne devrait jamais perdre de vue que lorsqu’un modèle fait quelque chose d’anormal, les anti-modèles s’engouffrent dans la brèche pour faire pire en s’appuyant sur cet exemple.
Me Mohamed Traoré
Ancien Bâtonnier