Installés sur le trottoir, à la recherche d’un peu d’air face à la chaleur qui règne, Ousmane et ses amis font le ramadan. Impossible pour eux de rester à la maison sans électricité : « C’est ici qu’on dort presque. Tu prends la chaise, tu t’assois confortablement et puis tu essaies de dormir là-bas, y a pas de choix. Ce n’est pas confortable parce que si t’es couché dans la maison, c’est plus confortable que ça, mais si tu n’as pas de courant, de l’électricité, tu préfères t’asseoir comme ça. »
Depuis deux mois, le courant, c’est de 18 heures à 7 heures. Mais jeudi soir, une gigantesque panne a plongé Conakry dans le noir au moment de la rupture du jeûne : « À Conakry, tout le monde, tout le monde a décidé de manifester parce qu’on en a marre maintenant. »
Des jeunes ont affronté les forces de l’ordre dans les quartiers traditionnellement contestataires, mais aussi ailleurs, comme à Dixinn où l’on manifeste rarement : « Les policiers sont rentrés dans le quartier, ils ont commencé à lancer du gaz [lacrymogène, ndlr]. Mais rien ne va, on ne voit pas le courant. Depuis que le CNRD est arrivé, c’est la première fois qu’un scandale pareil se déroule ici. »
Dans la cuisine de la concession, Fatoumata, la sœur d’Ousmane, fait à manger. Sans électricité, elle doit tout cuire sur les braises. Il fait une chaleur insoutenable : « Ça nous fatigue, ça me fatigue vraiment. S’il n’y a pas le courant, ce n’est pas du tout facile à vivre. »
Après les émeutes, le quartier a été alimenté jusqu’à 11 heures du matin. Ce n’était pas arrivé depuis des mois .
RFI