Albert Maës, membre de la congrégation des frères du Sacré-Cœur, est accusé d’avoir violé plusieurs mineurs entre 1994 et 2002 en Guinée, d’où il a été rapatrié quand l’affaire a éclaté. Aujourd’hui pensionnaire d’un Ehpad de Haute-Loire, le religieux, mis en examen en France en 2017, attend son procès.
C’est l’heure du goûter à l’Ehpad Paradis d’Espaly-Saint-Marcel. De vieilles dames en fauteuil prennent les premiers soleils de mars en buvant à la paille un sirop de fraise. Les aides-soignantes, pantalons blancs et chasubles fuchsia, distribuent la collation. Blottie au cœur d’une vallée de Haute-Loire sur laquelle règnent, du haut de leur promontoire rocheux, la basilique Saint-Joseph-de-Bon-Espoir, l’immense vierge rose de Notre-Dame-de-France et le clocher de la cathédrale romane du Puy-en-Velay, la maison bichonne ses résidents, fière de son label « prestation hôtelière de haute qualité ».
« Il y a 50 personnes pour s’occuper de 83 retraités », se rengorge Albert Maës. Cet établissement d’hébergement pour personnes âgées, qui fut d’abord une maison de retraite réservée aux religieux de la congrégation des frères du Sacré-Cœur, a été ouvert aux laïques en 2012, avant d’être consacré « fondation » en 2018. Une importante phase de travaux a achevé de lui donner de faux airs d’hôtel chic. Frère Albert, lui, y coule des jours tranquilles depuis vingt-deux ans et adore encore parcourir à vélo, à 81 ans, les routes escarpées des vignobles de Haute-Loire. « J’ai regonflé mes pneus il y a trois jours », confie-t-il, tout excité.
Le Monde