« Aujourd’hui marque l’aboutissement d’une bataille de 15 ans, celle de la recherche de la vérité et de la justice pour les victimes des événements tragiques du 28 septembre 2009 », a déclaré Asmaou Diallo, qui a perdu son fils dans l’incident.
« Je suis très heureuse », a-t-elle révélé.
Mme Diallo, qui dirige également l’association des victimes et des familles touchées par le massacre, se souvient du jour de l’atrocité comme d’un jour de « douleur et de perte » pour eux tous.
Aujourd’hui, nous nous sentons très soulagés », a-t-elle déclaré, tout en regrettant que « l’accomplissement soit entaché de tristesse, car rien ne peut ramener nos êtres chers ».
« Aujourd’hui, nous sommes très contentes à la suite du verdict rendu », se réjouit une victime interrogée par la BBC au sortir de l’audience.
Pour elle, l’heure de la réparation est venue. « Puisque ce qu’on nous a fait est très choquant. Nous espérons que les indemnités fixées par le président du tribunal seront payées », poursuit-elle.
Cette autre victime ne cache pas sa joie, après une longue période d’attente. « Depuis des années, nous attendons que justice soit faite. En ce qui concerne le dédommagement des victimes, j’ai des inquiétudes. »
Elles sont nombreuses les victimes de violences corporelles ou sexuelles qui n’ont pas osé témoigner à la barre lors du procès.
Ce n’est pas le cas de Fatoumata Barry. Victime de violences sexuelles, elle est apparue comme un personnage emblématique du procès. Dans un geste sans précédent, elle a choisi de témoigner ouvertement devant le tribunal, dénonçant les actes commis par les soldats contre des manifestants pacifiques.
« Ce jour-là, nous sommes sorties pour dire non à la candidature de Moussa Dadis Camara. C’est notre seul crime », a-t-elle déclaré à la BBC.
Après le verdict de culpabilité prononcé à l’encontre de Dadis Camara et d’autres co-accusés, elle a déclaré qu’elle se sentait « libérée d’un fardeau ».
Pendant la lecture des procès-verbaux, avant de rendre son verdict, le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara a révélé des cas qui ont conduit à des divorces ou à la stigmatisation des victimes dans leur propre entourage et dans la société.
Présents dans la salle d’audience au moment du délibéré, des militants des droits de l’homme confient leur soulagement après la décision rendue, mais se disent également heureux d’avoir pu « convaincre » le tribunal sur une « nécessité de requalification des faits en crimes contre l’humanité ».
Le secrétaire général de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) Maitre Drissa Traoré estime que « ce verdict est une victoire pour les femmes et les hommes qui se battent depuis près de 15 ans pour que justice soit rendue. »
Le président de la FIDH ajoute que la décision qui a été rendue est conforme à la loi, malgré la douleur des victimes.
De son côté, le président de la ligue pour les droits et la démocratie en Afrique, Mamady Kaba, a confié à la presse guinéenne, qu’il se réjouissait de la sérénité du procès et la clémence dont la justice a fait preuve.
Dadis Camara « n’a pas de patrimoine » pour indemniser les victimes
Ce jeudi, le collectif des avocats du président Moussa Dadis Camara a rendu public un communiqué dans lequel il se dit surpris de la condamnation de leur client pour crimes contre l’humanité sur la base de la responsabilité du supérieur hiérarchique « en violation des règles juridiques les plus élémentaires qui gouvernent tout procès criminel, notamment celles relatives aux droits de la défense. »
Joint par la BBC, le principal avocat de l’ex chef de la junte guinéenne, trouve la décision du tribunal illégale, injuste et incompréhensible.
Me Jocamy Haba, déclare qu’il sera fait appel de la décision du tribunal auprès de la Cour d’Appel.
Sur la question de la condamnation de son client au paiement des indemnités aux victimes, Me Haba est sceptique.
« Le président Dadis n’a pas un patrimoine qui lui permet de payer le montant fixé. Les parties civiles auraient dû se battre pour que l’Etat soit condamné. C’est l’Etat qui aurait dû payer ces indemnités. Cette décision a été dictée au tribunal. C’est une journée noire pour la justice guinéenne. »
Me Alpha Amadou DS Bah, coordonnateur du pool d’avocat des parties civiles ne voit pas les choses de la même manière que l’avocat du capitaine Dadis.
« Nous sommes soulagés et pensons que la décision a été rendue conformément à la loi. Un tel verdict doit être dissuasif. Nous pensons, dès lors qu’un tel verdict a été rendu, cela doit servir de leçon à ceux qui ont des parcelles de pouvoir. Puisqu’au moment des faits, Moussa Dadis Camara et ses acolytes, ne pouvaient imaginer qu’un jour, ils allaient répondre de leurs actes. Dès lors que ce jugement a été rendu, cela devrait sonner le glas de l’impunité dans notre pays et servir de leçons à ceux qui exercent le pouvoir ou qui sont amenés à l’exercer », se réjouit l’avocat.
Un signal fort, selon la CPI
La Cour Pénale Internationale (CPI), spécialisé dans le jugement des faits susceptibles de constituer des crimes contre l’humanité s’est réjouie de l’aboutissement de la procédure.
Dans un communiqué rendu public ce 1er août, le bureau du procureur a estimé que ce verdict marquait un tournant dans l’établissement de la vérité sur les événements du 28 septembre 2009 et dans la reddition des comptes par ceux qui portent la plus grande responsabilité dans les atrocités qui ont été commises.
En le rendant, « les juges guinéens ont envoyé un signal clair selon lequel personne n’est au-dessus des lois et ceux qui commettent des crimes visés par le Statut de Rome feront face à la justice », déclare le bureau du procureur de la CPI dans son communiqué.
Il dit espérer d’autres actions concernant d’autres procédures en cours en relation avec les événements du 28 septembre, et promet de continuer à suivre de près les événements qui se déroulent en Guinée.
Amnesty International s’est aussi félicitée des condamnations prononcées.
« Ce verdict historique devrait servir d’exemple dans le monde entier et en Guinée, où l’utilisation illégale d’armes à feu et d’une force excessive lors de manifestations reste monnaie courante, y compris sous le régime actuel », a souligné Samira Daoud, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.
Les Nations unies ont également exhorté les autorités guinéennes à poursuivre leurs efforts pour lutter contre l’impunité dans le pays.
BBC Afrique
« Aujourd’hui marque l’aboutissement d’une bataille de 15 ans, celle de la recherche de la vérité et de la justice pour les victimes des événements tragiques du 28 septembre 2009 », a déclaré Asmaou Diallo, qui a perdu son fils dans l’incident.
« Je suis très heureuse », a-t-elle révélé.
Mme Diallo, qui dirige également l’association des victimes et des familles touchées par le massacre, se souvient du jour de l’atrocité comme d’un jour de « douleur et de perte » pour eux tous.
Aujourd’hui, nous nous sentons très soulagés », a-t-elle déclaré, tout en regrettant que « l’accomplissement soit entaché de tristesse, car rien ne peut ramener nos êtres chers ».
« Aujourd’hui, nous sommes très contentes à la suite du verdict rendu », se réjouit une victime interrogée par la BBC au sortir de l’audience.
Pour elle, l’heure de la réparation est venue. « Puisque ce qu’on nous a fait est très choquant. Nous espérons que les indemnités fixées par le président du tribunal seront payées », poursuit-elle.
Cette autre victime ne cache pas sa joie, après une longue période d’attente. « Depuis des années, nous attendons que justice soit faite. En ce qui concerne le dédommagement des victimes, j’ai des inquiétudes. »
Elles sont nombreuses les victimes de violences corporelles ou sexuelles qui n’ont pas osé témoigner à la barre lors du procès.
Ce n’est pas le cas de Fatoumata Barry. Victime de violences sexuelles, elle est apparue comme un personnage emblématique du procès. Dans un geste sans précédent, elle a choisi de témoigner ouvertement devant le tribunal, dénonçant les actes commis par les soldats contre des manifestants pacifiques.
« Ce jour-là, nous sommes sorties pour dire non à la candidature de Moussa Dadis Camara. C’est notre seul crime », a-t-elle déclaré à la BBC.
Après le verdict de culpabilité prononcé à l’encontre de Dadis Camara et d’autres co-accusés, elle a déclaré qu’elle se sentait « libérée d’un fardeau ».
Pendant la lecture des procès-verbaux, avant de rendre son verdict, le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara a révélé des cas qui ont conduit à des divorces ou à la stigmatisation des victimes dans leur propre entourage et dans la société.
Présents dans la salle d’audience au moment du délibéré, des militants des droits de l’homme confient leur soulagement après la décision rendue, mais se disent également heureux d’avoir pu « convaincre » le tribunal sur une « nécessité de requalification des faits en crimes contre l’humanité ».
Le secrétaire général de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) Maitre Drissa Traoré estime que « ce verdict est une victoire pour les femmes et les hommes qui se battent depuis près de 15 ans pour que justice soit rendue. »
Le président de la FIDH ajoute que la décision qui a été rendue est conforme à la loi, malgré la douleur des victimes.
De son côté, le président de la ligue pour les droits et la démocratie en Afrique, Mamady Kaba, a confié à la presse guinéenne, qu’il se réjouissait de la sérénité du procès et la clémence dont la justice a fait preuve.
Dadis Camara « n’a pas de patrimoine » pour indemniser les victimes
Ce jeudi, le collectif des avocats du président Moussa Dadis Camara a rendu public un communiqué dans lequel il se dit surpris de la condamnation de leur client pour crimes contre l’humanité sur la base de la responsabilité du supérieur hiérarchique « en violation des règles juridiques les plus élémentaires qui gouvernent tout procès criminel, notamment celles relatives aux droits de la défense. »
Joint par la BBC, le principal avocat de l’ex chef de la junte guinéenne, trouve la décision du tribunal illégale, injuste et incompréhensible.
Me Jocamy Haba, déclare qu’il sera fait appel de la décision du tribunal auprès de la Cour d’Appel.
Sur la question de la condamnation de son client au paiement des indemnités aux victimes, Me Haba est sceptique.
« Le président Dadis n’a pas un patrimoine qui lui permet de payer le montant fixé. Les parties civiles auraient dû se battre pour que l’Etat soit condamné. C’est l’Etat qui aurait dû payer ces indemnités. Cette décision a été dictée au tribunal. C’est une journée noire pour la justice guinéenne. »
Me Alpha Amadou DS Bah, coordonnateur du pool d’avocat des parties civiles ne voit pas les choses de la même manière que l’avocat du capitaine Dadis.
« Nous sommes soulagés et pensons que la décision a été rendue conformément à la loi. Un tel verdict doit être dissuasif. Nous pensons, dès lors qu’un tel verdict a été rendu, cela doit servir de leçon à ceux qui ont des parcelles de pouvoir. Puisqu’au moment des faits, Moussa Dadis Camara et ses acolytes, ne pouvaient imaginer qu’un jour, ils allaient répondre de leurs actes. Dès lors que ce jugement a été rendu, cela devrait sonner le glas de l’impunité dans notre pays et servir de leçons à ceux qui exercent le pouvoir ou qui sont amenés à l’exercer », se réjouit l’avocat.
Un signal fort, selon la CPI
La Cour Pénale Internationale (CPI), spécialisé dans le jugement des faits susceptibles de constituer des crimes contre l’humanité s’est réjouie de l’aboutissement de la procédure.
Dans un communiqué rendu public ce 1er août, le bureau du procureur a estimé que ce verdict marquait un tournant dans l’établissement de la vérité sur les événements du 28 septembre 2009 et dans la reddition des comptes par ceux qui portent la plus grande responsabilité dans les atrocités qui ont été commises.
En le rendant, « les juges guinéens ont envoyé un signal clair selon lequel personne n’est au-dessus des lois et ceux qui commettent des crimes visés par le Statut de Rome feront face à la justice », déclare le bureau du procureur de la CPI dans son communiqué.
Il dit espérer d’autres actions concernant d’autres procédures en cours en relation avec les événements du 28 septembre, et promet de continuer à suivre de près les événements qui se déroulent en Guinée.
Amnesty International s’est aussi félicitée des condamnations prononcées.
« Ce verdict historique devrait servir d’exemple dans le monde entier et en Guinée, où l’utilisation illégale d’armes à feu et d’une force excessive lors de manifestations reste monnaie courante, y compris sous le régime actuel », a souligné Samira Daoud, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.
Les Nations unies ont également exhorté les autorités guinéennes à poursuivre leurs efforts pour lutter contre l’impunité dans le pays.
BBC Afrique
« Aujourd’hui marque l’aboutissement d’une bataille de 15 ans, celle de la recherche de la vérité et de la justice pour les victimes des événements tragiques du 28 septembre 2009 », a déclaré Asmaou Diallo, qui a perdu son fils dans l’incident.
« Je suis très heureuse », a-t-elle révélé.
Mme Diallo, qui dirige également l’association des victimes et des familles touchées par le massacre, se souvient du jour de l’atrocité comme d’un jour de « douleur et de perte » pour eux tous.
Aujourd’hui, nous nous sentons très soulagés », a-t-elle déclaré, tout en regrettant que « l’accomplissement soit entaché de tristesse, car rien ne peut ramener nos êtres chers ».
« Aujourd’hui, nous sommes très contentes à la suite du verdict rendu », se réjouit une victime interrogée par la BBC au sortir de l’audience.
Pour elle, l’heure de la réparation est venue. « Puisque ce qu’on nous a fait est très choquant. Nous espérons que les indemnités fixées par le président du tribunal seront payées », poursuit-elle.
Cette autre victime ne cache pas sa joie, après une longue période d’attente. « Depuis des années, nous attendons que justice soit faite. En ce qui concerne le dédommagement des victimes, j’ai des inquiétudes. »
Elles sont nombreuses les victimes de violences corporelles ou sexuelles qui n’ont pas osé témoigner à la barre lors du procès.
Ce n’est pas le cas de Fatoumata Barry. Victime de violences sexuelles, elle est apparue comme un personnage emblématique du procès. Dans un geste sans précédent, elle a choisi de témoigner ouvertement devant le tribunal, dénonçant les actes commis par les soldats contre des manifestants pacifiques.
« Ce jour-là, nous sommes sorties pour dire non à la candidature de Moussa Dadis Camara. C’est notre seul crime », a-t-elle déclaré à la BBC.
Après le verdict de culpabilité prononcé à l’encontre de Dadis Camara et d’autres co-accusés, elle a déclaré qu’elle se sentait « libérée d’un fardeau ».
Pendant la lecture des procès-verbaux, avant de rendre son verdict, le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara a révélé des cas qui ont conduit à des divorces ou à la stigmatisation des victimes dans leur propre entourage et dans la société.
Présents dans la salle d’audience au moment du délibéré, des militants des droits de l’homme confient leur soulagement après la décision rendue, mais se disent également heureux d’avoir pu « convaincre » le tribunal sur une « nécessité de requalification des faits en crimes contre l’humanité ».
Le secrétaire général de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) Maitre Drissa Traoré estime que « ce verdict est une victoire pour les femmes et les hommes qui se battent depuis près de 15 ans pour que justice soit rendue. »
Le président de la FIDH ajoute que la décision qui a été rendue est conforme à la loi, malgré la douleur des victimes.
De son côté, le président de la ligue pour les droits et la démocratie en Afrique, Mamady Kaba, a confié à la presse guinéenne, qu’il se réjouissait de la sérénité du procès et la clémence dont la justice a fait preuve.
Dadis Camara « n’a pas de patrimoine » pour indemniser les victimes
Ce jeudi, le collectif des avocats du président Moussa Dadis Camara a rendu public un communiqué dans lequel il se dit surpris de la condamnation de leur client pour crimes contre l’humanité sur la base de la responsabilité du supérieur hiérarchique « en violation des règles juridiques les plus élémentaires qui gouvernent tout procès criminel, notamment celles relatives aux droits de la défense. »
Joint par la BBC, le principal avocat de l’ex chef de la junte guinéenne, trouve la décision du tribunal illégale, injuste et incompréhensible.
Me Jocamy Haba, déclare qu’il sera fait appel de la décision du tribunal auprès de la Cour d’Appel.
Sur la question de la condamnation de son client au paiement des indemnités aux victimes, Me Haba est sceptique.
« Le président Dadis n’a pas un patrimoine qui lui permet de payer le montant fixé. Les parties civiles auraient dû se battre pour que l’Etat soit condamné. C’est l’Etat qui aurait dû payer ces indemnités. Cette décision a été dictée au tribunal. C’est une journée noire pour la justice guinéenne. »
Me Alpha Amadou DS Bah, coordonnateur du pool d’avocat des parties civiles ne voit pas les choses de la même manière que l’avocat du capitaine Dadis.
« Nous sommes soulagés et pensons que la décision a été rendue conformément à la loi. Un tel verdict doit être dissuasif. Nous pensons, dès lors qu’un tel verdict a été rendu, cela doit servir de leçon à ceux qui ont des parcelles de pouvoir. Puisqu’au moment des faits, Moussa Dadis Camara et ses acolytes, ne pouvaient imaginer qu’un jour, ils allaient répondre de leurs actes. Dès lors que ce jugement a été rendu, cela devrait sonner le glas de l’impunité dans notre pays et servir de leçons à ceux qui exercent le pouvoir ou qui sont amenés à l’exercer », se réjouit l’avocat.
Un signal fort, selon la CPI
La Cour Pénale Internationale (CPI), spécialisé dans le jugement des faits susceptibles de constituer des crimes contre l’humanité s’est réjouie de l’aboutissement de la procédure.
Dans un communiqué rendu public ce 1er août, le bureau du procureur a estimé que ce verdict marquait un tournant dans l’établissement de la vérité sur les événements du 28 septembre 2009 et dans la reddition des comptes par ceux qui portent la plus grande responsabilité dans les atrocités qui ont été commises.
En le rendant, « les juges guinéens ont envoyé un signal clair selon lequel personne n’est au-dessus des lois et ceux qui commettent des crimes visés par le Statut de Rome feront face à la justice », déclare le bureau du procureur de la CPI dans son communiqué.
Il dit espérer d’autres actions concernant d’autres procédures en cours en relation avec les événements du 28 septembre, et promet de continuer à suivre de près les événements qui se déroulent en Guinée.
Amnesty International s’est aussi félicitée des condamnations prononcées.
« Ce verdict historique devrait servir d’exemple dans le monde entier et en Guinée, où l’utilisation illégale d’armes à feu et d’une force excessive lors de manifestations reste monnaie courante, y compris sous le régime actuel », a souligné Samira Daoud, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.
Les Nations unies ont également exhorté les autorités guinéennes à poursuivre leurs efforts pour lutter contre l’impunité dans le pays.
BBC Afrique
« Aujourd’hui marque l’aboutissement d’une bataille de 15 ans, celle de la recherche de la vérité et de la justice pour les victimes des événements tragiques du 28 septembre 2009 », a déclaré Asmaou Diallo, qui a perdu son fils dans l’incident.
« Je suis très heureuse », a-t-elle révélé.
Mme Diallo, qui dirige également l’association des victimes et des familles touchées par le massacre, se souvient du jour de l’atrocité comme d’un jour de « douleur et de perte » pour eux tous.
Aujourd’hui, nous nous sentons très soulagés », a-t-elle déclaré, tout en regrettant que « l’accomplissement soit entaché de tristesse, car rien ne peut ramener nos êtres chers ».
« Aujourd’hui, nous sommes très contentes à la suite du verdict rendu », se réjouit une victime interrogée par la BBC au sortir de l’audience.
Pour elle, l’heure de la réparation est venue. « Puisque ce qu’on nous a fait est très choquant. Nous espérons que les indemnités fixées par le président du tribunal seront payées », poursuit-elle.
Cette autre victime ne cache pas sa joie, après une longue période d’attente. « Depuis des années, nous attendons que justice soit faite. En ce qui concerne le dédommagement des victimes, j’ai des inquiétudes. »
Elles sont nombreuses les victimes de violences corporelles ou sexuelles qui n’ont pas osé témoigner à la barre lors du procès.
Ce n’est pas le cas de Fatoumata Barry. Victime de violences sexuelles, elle est apparue comme un personnage emblématique du procès. Dans un geste sans précédent, elle a choisi de témoigner ouvertement devant le tribunal, dénonçant les actes commis par les soldats contre des manifestants pacifiques.
« Ce jour-là, nous sommes sorties pour dire non à la candidature de Moussa Dadis Camara. C’est notre seul crime », a-t-elle déclaré à la BBC.
Après le verdict de culpabilité prononcé à l’encontre de Dadis Camara et d’autres co-accusés, elle a déclaré qu’elle se sentait « libérée d’un fardeau ».
Pendant la lecture des procès-verbaux, avant de rendre son verdict, le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara a révélé des cas qui ont conduit à des divorces ou à la stigmatisation des victimes dans leur propre entourage et dans la société.
Présents dans la salle d’audience au moment du délibéré, des militants des droits de l’homme confient leur soulagement après la décision rendue, mais se disent également heureux d’avoir pu « convaincre » le tribunal sur une « nécessité de requalification des faits en crimes contre l’humanité ».
Le secrétaire général de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) Maitre Drissa Traoré estime que « ce verdict est une victoire pour les femmes et les hommes qui se battent depuis près de 15 ans pour que justice soit rendue. »
Le président de la FIDH ajoute que la décision qui a été rendue est conforme à la loi, malgré la douleur des victimes.
De son côté, le président de la ligue pour les droits et la démocratie en Afrique, Mamady Kaba, a confié à la presse guinéenne, qu’il se réjouissait de la sérénité du procès et la clémence dont la justice a fait preuve.
Dadis Camara « n’a pas de patrimoine » pour indemniser les victimes
Ce jeudi, le collectif des avocats du président Moussa Dadis Camara a rendu public un communiqué dans lequel il se dit surpris de la condamnation de leur client pour crimes contre l’humanité sur la base de la responsabilité du supérieur hiérarchique « en violation des règles juridiques les plus élémentaires qui gouvernent tout procès criminel, notamment celles relatives aux droits de la défense. »
Joint par la BBC, le principal avocat de l’ex chef de la junte guinéenne, trouve la décision du tribunal illégale, injuste et incompréhensible.
Me Jocamy Haba, déclare qu’il sera fait appel de la décision du tribunal auprès de la Cour d’Appel.
Sur la question de la condamnation de son client au paiement des indemnités aux victimes, Me Haba est sceptique.
« Le président Dadis n’a pas un patrimoine qui lui permet de payer le montant fixé. Les parties civiles auraient dû se battre pour que l’Etat soit condamné. C’est l’Etat qui aurait dû payer ces indemnités. Cette décision a été dictée au tribunal. C’est une journée noire pour la justice guinéenne. »
Me Alpha Amadou DS Bah, coordonnateur du pool d’avocat des parties civiles ne voit pas les choses de la même manière que l’avocat du capitaine Dadis.
« Nous sommes soulagés et pensons que la décision a été rendue conformément à la loi. Un tel verdict doit être dissuasif. Nous pensons, dès lors qu’un tel verdict a été rendu, cela doit servir de leçon à ceux qui ont des parcelles de pouvoir. Puisqu’au moment des faits, Moussa Dadis Camara et ses acolytes, ne pouvaient imaginer qu’un jour, ils allaient répondre de leurs actes. Dès lors que ce jugement a été rendu, cela devrait sonner le glas de l’impunité dans notre pays et servir de leçons à ceux qui exercent le pouvoir ou qui sont amenés à l’exercer », se réjouit l’avocat.
Un signal fort, selon la CPI
La Cour Pénale Internationale (CPI), spécialisé dans le jugement des faits susceptibles de constituer des crimes contre l’humanité s’est réjouie de l’aboutissement de la procédure.
Dans un communiqué rendu public ce 1er août, le bureau du procureur a estimé que ce verdict marquait un tournant dans l’établissement de la vérité sur les événements du 28 septembre 2009 et dans la reddition des comptes par ceux qui portent la plus grande responsabilité dans les atrocités qui ont été commises.
En le rendant, « les juges guinéens ont envoyé un signal clair selon lequel personne n’est au-dessus des lois et ceux qui commettent des crimes visés par le Statut de Rome feront face à la justice », déclare le bureau du procureur de la CPI dans son communiqué.
Il dit espérer d’autres actions concernant d’autres procédures en cours en relation avec les événements du 28 septembre, et promet de continuer à suivre de près les événements qui se déroulent en Guinée.
Amnesty International s’est aussi félicitée des condamnations prononcées.
« Ce verdict historique devrait servir d’exemple dans le monde entier et en Guinée, où l’utilisation illégale d’armes à feu et d’une force excessive lors de manifestations reste monnaie courante, y compris sous le régime actuel », a souligné Samira Daoud, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.
Les Nations unies ont également exhorté les autorités guinéennes à poursuivre leurs efforts pour lutter contre l’impunité dans le pays.
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