En Guinée Conakry, le récent coup d’État ayant défait Alpha Condé a grandement fait les affaires de la France, expulsée du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Les Russes et Chinois ont perdu en influence et le successeur de Condé, le jeune militaire Mamadi Doumbouya, est lui plus sensible aux intérêts français, et moins à ceux de son propre peuple. Quitte à s’en prendre à ses opposants lui réclamant une élection démocratique via ses forces spéciales que… Paris forme en Guinée. « Marianne » révèle également la construction d’une base militaire à la frontière avec… le Mali.
C’est un camp militaire perdu au beau milieu de la brousse guinéenne. Un village s’est construit tout autour des murs et des barbelés. Des petits commerçants sont venus de Kankan, la grande ville de l’est de la Guinée, à trente kilomètres de là, pour approvisionner les troufions de l’armée en cigarettes et en breuvages en tout genre. Il y a un panneau à l’entrée du village de Soronkoni, mais on a sans doute oublié d’y ajouter « bienvenue en enfer ».
À la fin de la décennie 2010, le camp militaire fut aussi utilisé comme prison et comme mouroir par l’ancien président Alpha Condé, qui envoyait y dépérir les manifestants vent debout contre sa dictature. Au début de l’année 2021, les détenus entassés à quarante dans des cellules de douze mètres carrés avaient vu débarquer des instructeurs militaires envoyés par Recep Tayyip Erdogan. Les soldats turcs devaient former une unité d’élite de l’armée guinéenne. Mais ils plièrent bien vite bagage, car le 5 septembre 2021, Alpha Condé fut renversé par le patron de ses forces spéciales, le colonel Mamadi DoDoumbouya.
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