Ce pèlerinage est célébré chaque année lors du 18 Safar au calendrier hégirien, soit ce mercredi 13 août. La fête religieuse commémore un homme, le Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur de la confrérie des mourides. Le pèlerinage commémore le départ en exil du Cheikh en 1895.
À cette époque, le Sénégal est sous administration coloniale française. L’armée française décide d’arrêter le Cheikh Ahmadou Bamba accusé de vouloir fomenter une rébellion contre le colonisateur. ll est déporté sur une île dans l’actuel Gabon.
Depuis chaque année, les mourides célèbrent cette arrestation comme une sorte d’acte de foi. Dans ses écrits Cheikh Ahmadou Bamba considère alors son exil non pas comme une punition mais une expérience spirituelle.

Il s’agit de l’unique photo du vivant de Cheikh Ahmadou Bamba prise en 1905. DR.
Le mot « Magal » veut dire célébrer ou rendre hommage en wolof. Les pèlerins se rendent à Touba, deuxième ville du pays derrière Dakar. C’est ici que Cheikh Ahmadou Bamba a lancé sa confrérie et a fondé la ville en 1888. Et c’est ici qu’il est enterré dans la grande mosquée de la ville de plus de 1 million d’habitants après sa mort en 1927.

Image du mausolée du Cheikh Ahmadou Bamba à Touba. Domaine public.
Des figures éminemment respectées
Les mourides, aspirant en wolof, forment l’une des quatre principales confréries soufie su Sénégal. Aujourd’hui, ils continuent à jouer un rôle prépondérant dans la vie quotidienne des Sénégalais, dont plus de 90% sont musulmans. Le soufisme est une pratique de l’islam visant la « purification de l’âme » en vue de se « rapprocher » de Dieu. Un aspirant cherche le divin qui habite en lui.
Les chefs des mourides sont des figures éminemment respectées, écoutées des politiques, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Chaque année devant plusieurs centaines de milliers de pèlerins lors du Magal de Touba des représentants des principaux partis politiques sont présents.
Les hommes politiques cherchent souvent la protection du du calife des mourides. Le calife? C’est le descendant direct d’Ahmadou Bemba. L’influence des chefs des Mourides est réel.
C’est ainsi qu’en plein troubles pré-électoraux en 2023, la confrérie a cherché à apaiser le climat politique dans le pays entre les partisans d’Ousmane Sonko et Macky Sall. Le pouvoir du président Macky Sall alors cherche à empêcher une candidature d’Ousmane Sonko à la présidence de la République. Le leader de l’opposition entame une grève de la faim.
Un mois plus tard, le 23 août 2023 des proches d’Ousmane Sonko sont reçus par le chef de la puissante confrérie religieuse des mourides, le calife général Serigne Mountakha Mbacké. Ce dernier demande à Ousmane Sonko de mettre fin à sa grève de la faim pour ne pas faire monter la colère de la jeunesse sénégalaise. Le chef de l’opposition s’exécute. La tension dans les rues de Dakar retombe.
AFP



