— Le président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, a animé ce samedi une conférence à l’Université de la Sorbonne, en France. Devant un public composé de professeurs, d’étudiants et de chercheurs, l’ancien Premier ministre guinéen a livré une réflexion profonde sur le thème des transitions militaires en Afrique de l’Ouest et leurs conséquences sociales et politiques.
Les transitions militaires, une dérive autoritaire selon Cellou Dalein Diallo
Dans son intervention, le leader de l’opposition guinéenne a dénoncé les dérives autoritaires des juntes militaires au pouvoir dans plusieurs pays de la sous-région, notamment en Guinée.
« Au lieu de restaurer les libertés, la démocratie et l’État de droit, les militaires ont décidé de garder le pouvoir par la violence et la ruse », a affirmé M. Diallo, soulignant les violations répétées des droits humains et les restrictions des libertés publiques depuis le coup d’État de 2021 à Conakry.
Il a insisté sur la nécessité pour les dirigeants africains de respecter les constitutions et de garantir l’indépendance de la justice, afin de rétablir la confiance entre l’État et les citoyens.
Exode des jeunes Africains : un symptôme de la mauvaise gouvernance
Cellou Dalein Diallo a également établi un lien direct entre la mauvaise gouvernance politique et économique et le départ massif des jeunes Africains vers l’Europe et l’Amérique du Nord.
« Privés d’emplois et de perspectives, nos jeunes quittent leurs pays au péril de leur vie », a-t-il rappelé, citant le cas de la Guinée, premier pays africain demandeur d’asile en France en 2023.
Pour lui, cette migration forcée n’est plus un choix, mais un acte de survie :
« C’est une manière de voter avec leurs pieds contre des États incapables de nourrir ou de protéger leurs citoyens », a-t-il lancé, suscitant une vive émotion dans la salle.
Un appel à la responsabilité partagée entre l’Afrique et l’Occident
Le président de l’UFDG a aussi alerté sur les répercussions internationales de cette crise. Selon lui, l’exode des jeunes et les arrivées irrégulières en Europe alimentent les discours populistes et renforcent les partis d’extrême droite, mettant en péril les valeurs démocratiques occidentales.
« La détresse humaine est instrumentalisée. Les valeurs d’asile s’effritent, la xénophobie progresse et fragilise les démocraties européennes », a-t-il prévenu.
Vers une Afrique stable et juste
En conclusion, Cellou Dalein Diallo a plaidé pour une Afrique fondée sur la justice, les libertés et la dignité humaine, condition indispensable selon lui pour bâtir une paix durable.
« En rétablissant l’État de droit et en garantissant l’indépendance de la justice, l’Afrique pourra redonner de l’espoir à sa jeunesse », a-t-il affirmé.
L’ancien Premier ministre a enfin exprimé sa gratitude à l’Association de Sciences Po pour l’Afrique (ASPA), à la Sorbonne African Business Club (SABC) et aux Étudiants de la Sorbonne pour le Monde Africain (ESMA) pour l’organisation de cet échange intellectuel autour de l’avenir politique du continent.
Abdoul Baldé



