Le directeur de la rédaction de Jeune Afrique estime qu’un geste de réconciliation du chef de la junte pourrait toucher l’ancien président guinéen, malgré les blessures du passé.
Le journaliste François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique et proche d’Alpha Condé, croit encore possible une réconciliation entre l’ancien président guinéen et le chef de la transition, le général Mamadi Doumbouya. Interrogé par RFI, il a livré une analyse nuancée des relations complexes entre les deux hommes.
Une relation de confiance trahie
Selon François Soudan, le lien entre Alpha Condé et Mamadi Doumbouya remonte à 2012, lorsque ce dernier revient en Guinée. Il aurait été recommandé à Alpha Condé par l’actuel ministre de la Défense.
« Il va de soi qu’il n’aurait jamais pu être nommé à la tête des forces spéciales sans l’accord du président Condé », souligne-t-il.
Jusqu’au 5 septembre 2021, jour du coup d’État, Alpha Condé maintenait sa confiance totale en Mamadi Doumbouya, écartant même les avertissements de ses proches sur les risques liés à l’autonomisation du Bataillon des forces spéciales.
Pour l’ancien président, cette prise de pouvoir fut donc perçue comme une trahison personnelle.
Un exil douloureux et sans perspective
François Soudan décrit aujourd’hui un Alpha Condé isolé et meurtri.
« Cet exil-là est particulier, car il semble sans perspective discernable de retour », explique-t-il.
À plus de 80 ans, l’ancien chef de l’État vit un exil solitaire, hébergé en Turquie. Ses anciens collaborateurs sont pour la plupart en prison ou éloignés de lui, et il n’a plus de relations fluides avec les dirigeants africains qui furent jadis ses alliés.
« Il continue à signer ses communiqués Professeur Alpha Condé, président de la République, mais cet activisme masque une profonde solitude », analyse Soudan.
Une réconciliation encore possible ?
Malgré tout, François Soudan n’écarte pas l’hypothèse d’un rapprochement. Selon lui, si le général Doumbouya – dont il estime qu’il sera candidat à la présidentielle de décembre 2025 – posait un geste de réhabilitation et de respect envers son aîné, Alpha Condé pourrait se montrer réceptif :
« Si Mamadi Doumbouya tend la main, avec le respect dû à l’aîné, Alpha Condé pourrait y être sensible. Mais cette réflexion n’engage que moi », conclut le journaliste.
Un exil sans amis
Pour François Soudan, la situation d’Alpha Condé symbolise le sort tragique des exilés politiques :
« Les exilés n’ont plus d’amis », dit-il avec gravité.
Abdoul Baldé



