Il se fait ressentir depuis deux semaines à Bamako. En proie depuis 2012 à une crise sécuritaire(nouvelle fenêtre), doublée d’une impasse politique(nouvelle fenêtre), le Mali s’enlise désormais dans un blocus jihadiste. Depuis le mois de septembre, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM)(nouvelle fenêtre), une organisation jihadiste salafiste du Maghreb et d’Afrique de l’Ouest, affilié à Al-Qaïda(nouvelle fenêtre), met à mal l’économie de cet immense pays sahélien enclavé et rend invivable le quotidien des Maliens.
Le JNIM, qui se décrit comme la branche officielle d’Al-Qaïda au Mali, s’attaque aux camions-citernes de carburant venant notamment du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, par où transite la majorité des biens importés sur le territoire
Ces actions sont menées par le JNIM en représailles à l’interdiction de la vente hors stations en milieu rural, où l’essence est acheminée dans des jerricanes pour être revendue. En prohibant cette pratique, la junte au pouvoir depuis deux coups d’État en 2020 puis 2021 avait pour but d’assécher les moyens d’approvisionnement des jihadistes.
Bakamo isolée et rationnée
Malgré les escortes de l’armée, plusieurs camions ont été incendiés, des chauffeurs et militaires tués ou enlevés dans des embuscades jihadistes. En multipliant les attaques sur les routes aux alentours de Bamako, le JNIM cherche à isoler la capitale malienne. Nuit et jour, des centaines de voitures et de motos à l’arrêt s’agglutinent dans l’attente de pouvoir remplir leur réservoir. Le ravitaillement est rationné à 10.000 francs CFA (15 euros), soit environ 13 litres d’essence.
Cette pénurie de carburant a un impact sur la vie de tous les jours. Elle exacerbe aussi les coupures d’électricité récurrentes qui plombent l’économie malienne depuis cinq ans. De 19 heures par jour, la fourniture d’électricité a été ramenée à 6 heures par Énergie du Mali (EDM).
Des répercussions au quotidien
Dos au mur, la junte malienne a annoncé, dimanche 26 octobre, la suspension des cours dans les écoles et les universités pour deux semaines, du 27 octobre au 9 novembre inclus, sur l’ensemble du territoire. « Cette décision s’explique par des perturbations dans l’approvisionnement en carburant »
, a indiqué un communiqué des ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur.
En pleine période des récoltes, la pénurie de carburant met aussi l’agriculture à l’arrêt. Certains engins agricoles ne peuvent pas fonctionner. Par conséquent, les stocks alimentaires commencent à manquer, les fournisseurs n’ayant plus de matières premières et d’électricité pour fabriquer des pâtes ou des yaourts par exemple.
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Dans ce contexte, le département d’État américain a ordonné, jeudi 30 octobre, l’évacuation de son personnel « non essentiel »
et de leurs familles en raison de « risques sécuritaires »
. Cette décision a été suivie par Londres qui a fait savoir que le « personnel non essentiel de l’ambassade britannique a été évacué temporairement de Bamako »
.
Mardi, l’ambassade des États-Unis avait déjà exhorté ses ressortissants à « quitter immédiatement »
le Mali par des vols commerciaux. « La pénurie de carburant, la fermeture des écoles et universités »
et « le conflit persistant entre le gouvernement malien et des éléments terroristes (…) aggrave la nature imprévisible de la situation sécuritaire à Bamako »
. Celles et ceux « qui décident de ne pas quitter le Mali »
ont été appelés à « se préparer à toutes situations d’urgence qui pourraient survenir, notamment trouver un abri où se réfugier pour une période prolongée »
. Dans la foulée, l’Italie, l’Allemagne, le Canada ou encore l’Espagne ont également invité les leurs à rentrer au plus vite.
TF1




