Biographie
Thierno Aliou Bhoubha N’Diyan
1847 – 1927
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Thierno Aliou a Labe
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Thierno Aliou Emigre a Bhuubha N’Diyan
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La Revelation de Thierno Aliou au Fouta Djallon
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Thierno Aliou quitte Bhuubha pour Manda
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Thierno Aliou sous l’Occupation Francaise
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Activites Administratives, Politiques et Sociales
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Thierno Aliou a Dakar
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Oeuvres litteraires de Thierno Aliou
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Influence de Thierno Aliou Bhoubha N’Diyan
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Genealogie de Thierno Aliou Bhoubha N’Diyan
<< Thierno Aliou est aujourd’hui un grand et
svelte vieillard de soixante-cinq ans, à figure
régulière, teint foncé, à la barbiche blanche.
Sa figure intelligente et rusée frappé
par des yeux malicieux qu’agite un continuel
clignement de paupières. Il est quelque peu,
dans ses manières le Foula «précieux »,
type qu’on rencontre souvent chez les Peuls
de pure origine. >>
Paul Marty | L’Islam en Guinée
Thierno Aliou Bhoubha N’Diyan est né vers 1847 à Donghol Thiernoya. C’est un Foula de la tribu Uururbhe, fraction
N’Duyeebhe. Thierno Aliou est d’ailleurs l’héritier des chefs de cette fraction.
Il commença ses études auprès de son père Thierno Mamadou et les continua chez son cousin Thierno Abdoullahi
N’Douyeedjo Ibn Idrissa, grand érudit. Après la mort de ce dernier, Thierno Aliou continua d’apprendreauprès de
son fils Thierno Sâdou également très cultivé. Thierno Aliou apprit la grammaire et la littérature arabes auprès de
Thierno Bokar Bhoye et le droit musulman auprès de Thierno Doura Sombili. Thierno Doura Sombili, à l’époque,
n’avait pas d’égal au Fouta-Djallon. Il avait fait ses études dans le pays jusqu’à devenir marabout. Il partit ensuite
dans le Bhoundou pour se perfectionner pendant une vingtaine d’années auprès de grands marabouts.
Revenu ensuite à Sombili, son instruction dépassait celle de tous les autres marabouts. C’est auprès de lui que
Thierno Aliou acheva ses études.
Thierno Aliou était remarquablement instruit en sciences arabes et islamiques, avait déjà conquis la première place
parmi les Karamoko du Labé, vers 1895, sous le règne d’Alfa Yaya. Il était très apprécié par ce chef, qui, utilisant sa
science juridique, l’avait peu à peu transformé en grand Cadi du Labé.
Sa réputation n’a fait que s’accroître avec le temps, et lors de la réorganisation judiciaire de l’Afrique Occidentale
(novembre 1903), il était tout désigné pour entrer dans les nouveaux cadres. Il fut nommé assesseur du tribunal de
Labé par l’arrêté du 30 décembre 1905, et l’est resté jusqu’à 1912, date où il a pris la présidence du Tribunal du
Labé, et conseiller islamique des Commandants du Labé.
Thierno Aliou donna toute satisfaction dans le domaine judiciaire, où il s’imposa à tous par sa science, et son
prestige, il est apprécié comme chef administratif. Il fut d’abord chef du district de Labé-N’Duyeebhe de 1901 à fin
1912. Le 1er janvier 1913, il a été nommé chef de la province de la Doghora.
Les enfants de Thierno Aliou sont:
Thierno Siradiou, Thierno Mamadou Bano, Thierno Lamine, Thierno Mamadou, Thierno Chaikou
Thierno Abdoullaye, Thierno Habibou, Thierno Abdourahmane, Thierno Aghibou.
Les filles de Thierno Aliou sont:
Yaaye Assiatou, Yaaye Ousmane, Yaaye Mriama Sira, Yaaye Barratou, Yaaye Fatimatou, Yaaye Diaraye, Yaaye Aissatou, Yaaye Kadidiatou.
Il avait comme fortune: des troupeaux de bœufs, de chevaux, des lougans de mil, de riz et de légumes; il avait des
carrés dans les principaux centres de dispersion des N’Duyeebhe:
-à Boubha-NDiyan, village situé à 30 kilomètres au nord-est de Labé
-à Manda, à 60 kilomètres à l’ouest de Labé
-à Donghol, près de Labé
-et enfin dans le misiide même de Labé
Les N’Duyeebhe sont groupés en grande majorité dans les régions de Koubiya et de Manda. Thierno Aliou visitait
assez fréquemment ses foulassoo, mais son domicile est en principe à Labé même.
Thierno Aliou a reçu d’abord le wird tidiani de Thierno Doura Sombili, et se rattacha ainsi à Cheikh Mouloud Fal, et
Mohammed El-Hafed des Ida Ou Ali de Mauritanie (Trarza). Par la suite, il se fit confirmer cette initiation par Alfa
Oumarou Rafiou de Dara-Labe, et par ce Cheikh se rattacha au Tidianisme d’Al-Hadj Omar.
Ses disciples se sont accrus avec le temps et il devient lui-même un grand Cheikh tidiani, distribuant à la fois le wird
et le pouvoir de le conférer. Il était un des dirigeants de l’esprit public dans le Fouta.
C’était un lettré arabe de première valeur. Il a composé deux ouvrages en vers consacrés à la vie et au panégyrique
du Prophète Muhammad:
Dourrat al-abrar, c’est-à-dire « La perle des gens vertueux»
Maqalid al-Saadah, fi Mad seyid al-sadah, c’est-à-dire « Les clefs du bonheur, sur la louange du seigneur des Seigneurs ».
Thierno Aliou dirigeait fréquemment les cérémonies de la prière, le vendredi et les fêtes islamiques, à la grande
mosquée de Labé.
C’est à lui que revenait le devoir et l’honneur lors des grands évènements où les chefs et les notables du Labé se
réunissaient. C’est lui également qui prenait le premier la parole dans les palabres importants. On dit qu’il jeûnait
quatre mois par an (Redjeb, Moharrem, Chaban, Ramadan) et qu’il se livrait souvent à la pieuse pratique de lire le
Coran en sept jours. Il faisait par piété l’école coranique à un petit nombre d’enfants et des cours de droit, de
littérature arabe (Séances de Hariri) et de mystique tidiani à une dizaine d’étudiants.
Il bénéficiait d’une considération universelle dans le Fouta-Djallon et son influence y rayonnait dans tous les
groupements tidianias. Il restait en relations épistolaires avec les principaux marabouts de la Guinée. S’il ne connaît
pas personnellement les grands chefs religieux du Sénégal et du Soudan, il en a entendu parler et ceux-ci le
connaissent également de réputation.
L’influence de Thierno Aliou est considérable.
Les différentes familles N’Duyeebhe de la tribu peule des Uururbhe étaient toutes soumises à son obédience
religieuse et à son autorité de chef de maison.
Dans le seul Labé, il y a plusieurs centaines de Karamoko qui sont passés dans leur jeunesse par ses mains, ont
reçu de lui le wird tidiani, et le transmirent en son nom à leur jeune Karanden. Ce sont en général les Karamoko les
plus instruits. Thierno Aliou souhaitait quelque peu sortir des méthodes pédagogiques routinières des Foula et à
donner à ses élèves des rudiments arabes. Cette influence du marabout date de loin. Alfa Alimou disait, dans sa
prison, en 1909, que s’il avait su conserver les sympathies du marabout par de plus riches cadeaux, il serait encore le chef du Labé.