Karamoko Alfa naquit en 1692 (1070 de l’Hérigire) à Diooba, dans la sous-préfecture de Poopodara, à Labé. De son vrai nom Mamadou Cellou Diallo, il était le fils d’Alfa Abouh Saliou et de Salimatou Fetti de Sombili. Par sa personnalité et par son œuvre, il devint l’un des plus glorieux descendants de la branche des Khalidouyaabè issue de Khalidou, le 5e fils de Mawndè, fils aîné d’Illo Yaladi, arrière petit-fils de Boodhhéwal, ancêtre de la tribu des Diallo, lui-même fils de Ougoubatou Ibn Yassirou et d’une princesse du Macina, de race torodo.
Karamoko Alfa passa son enfance à Ley-Billel Khalidouyaabhè. Il entra à l’école coranique à l’âge de 7 ans à Sombily, où il résida jusqu’à ses 15 ans. Il se fit remarquer par son maître comme un disciple surdoué, doux et d’une franchise rare. A 15 ans, il traduisait déjà parfaitement le Coran de l’arabe à la langue peule et passait par un jeune musulman pieux et engagé sur le chemin de Dieu.
Pour compléter ses études, il se rendit à Bhoundou, dans le Macina, et au Fouta-Toro, les deux plus grands centres islamiques de l’Ouest, au début du XVIIIe siècle.
Son Combat
Karamoko Alfa Mo Labé se consacra, corps et âme, jusqu’à son dernier souffle, au rayonnement et à la gloire de l’Islam au Fouta-Djalon et dans les pays limitrophes de la Guinée. Il fut :
• l’un des plus illustres ancêtres de la grande famille Khalidouyaabhè qui régna sur le dîwal de Labé (l’une des 9 provinces dû Fouta Théocratique);
• l’un des précurseurs du djihâd qui imposa l’islam au Fouta-Djalon ;
• l’un des érudits et maîtres islamiques (Karamoko) du Fouta-Djalon (étude, récitation, traduction et exégèse parfaite du Coran);
• l’un des premiers Karamoko à ouvrir une école coranique au Fouta-Djalon, regroupa autour de lui des centaines de disciples (taalibé) de tous âges ; ce qui le rendit célèbre et lui conféra le titre d’Alfa, c’est-à-dire Khalife ou calife ;
• le premier Karamoko à entrer ouvertement en guerre sainte contre les païens (fétichistes ou animistes) diallonké et poulli ;
• le fondateur de la ville et de la province de Labé, en 1755-1756 ;
• le premier Karamoko à organiser les contrées conquises en diwè (provinces) qui s’étendirent plus tard jusqu’au N’Gabou, en Guinée-Bissau, sous le règne de ses descendants, dont le plus célèbre fut Alfa Ibrahima ;
• l’un des fondateurs de la confédération islamique du Fout-Djalon, que l’histoire retint sous le nom de Fouta Théocratique ;
• l’Alfa qui proposa le premier son ami homologue Ibrahima Sambegou Barry de Timbo comme chef suprême de la confédération islamique et sous le nom de Fouta-Djalon, sous le titre d’almamy et sous le nom de Karamoko Alfa mo Timbo ;
La figure de Karamoko Alfa mo Labé se résume à trois dimensions. C’était :
• un grand érudit de l’islam au XVIIIe siècle.
Sa disparition
Karamoko Alfa mo Labé à Saarè-Kali en 1150 de l’Hegire (1772-1773), à l’âge de 80 ans, sous le règne de l’Almamy Sory Mawdho. Il fut inhumé sur le parvis de la grande mosquée de Labé, qui jouxtait son domicile, à l’endroit qu’il avait lui-même choisi de son vivant comme sépulture. La place devint par la suite le cerveau de ses illustres descendants. A titre exceptionnel, de grandes personnalités du Fouta-Djalon non issues de Karamoko Alfa mo Labé ont été inhumées, et notamment :
• l’almamy Sory Mawdho, qui vint de Timbo au règne de Modi Mamadou Dian fils de l’illustre Karamoko Alpha et mourut à Labé, Modi Mamadou Dian lui même en allant présenter ses condoléances à cette occasion mourut à Timbo et y fut enterré.
• le célèbre leader politique Siradio Diallo. Karamoko Alfa mo Labé a laissé le souvenir d’un saint. C’était un homme insensible aux biens de ce monde.
Sa progéniture
Karamoko Alfa eut 8 enfants dont une fille, Maama Aïssata. Pendant son règne, il eut soin de former ses enfants à l’administration territoriale afin qu’ils fussent aptes à régner sur des régions ou sur des régions ou sur des villages importants. Ainsi s’installèrent et régnèrent :
• Môdi Ibrahima Diallo dit Thierno mo Sigon, dans la région de Yembering ;
• Môdi Mamadou Dian Diallo, dans la région de Woora ;
• Môdi Souleymane mo Saarè-Kali, à Saarè-Kali, avec juridiction sur Mérépounta, Koundou Tyankoye, Bombi et Poopadara ;
• Môdi Aliou Diallo dit Môdi Aliou mo Hansanhèrè, à Hansanhèrè ;
• Môdi Amadou Dian Diallo, à Baréma et Missira ;
• Môdi Bailo Diallo dit Môdi Baagnan, à Baagnan
Maama Aissata sa fille unique, elle, épousa Môdi Abdoulaye Souaré dit Maama Doulla, grand chasseur dont les prouesses avaient séduit Karamoko Alfa. De cette union naquirent 5 garçons qui fondèrent le clan des Séeléyaabhè. Ils se répandirent comme suit dans le pays:
• Ousmane Tanou à Lelouma ;
• Bano Taanou à Dalein Kolla ;
• Saïdou Tanou à Karantagui ;
• Karimou Tanou à Dalein Hindé.
Ses successeurs au règne
De 1772 à 1905, les successeurs de Karamoko Alfa mo Labé au règne sur le diiwal furent :
• Modi Mamadou Dian
•Alfa Mamadou Bilo
• Alfa Souleymane
• Alfa Abdourahamane
• Alfa Saliou
• Alfa Abdoulaye
• Alfa Alseyni
• Saïkhou Abdoul Ghadiri
• Alfa Mamadou Sakhirou
• Alfa Ibrahima Khabirou
• Alfa Mamadou Mawdho
• Alfa Ibrahima Tossooko
• Alfa Souleymane Saarè-Kali
• Alfa Mamadou Cellou Saarè-Kali
• Alfa Ibrahima Thiéwiirè
• Alfa Yaya Mawdho
• Alfa Gassimou Mérépounta
• Alfa Mahmoudou Pellel
• Alfa Saliou Koubia
• Alfa Aguibou Koubia
• Alfa Abdoulaye Thiéwiirè
• Alfa Aliou Bèndiou
• Alfa Ibrahima Bassanya
• Alfa Hamidou
• Alfa Mamadou Saïdou Bèndi
• Alfa Yaya Kadé
La Fondation Karamoko Alfa mo Labé
En 1993, pour pérenniser l’œuvre de Karamoko Alfa, ses descendants et leurs alliés ont créé une fondation qui porte son nom et dont le siège jouxte la grande mosquée de Labé.
Voici la liste des présidents successifs de la Fondation Karamoko Alfa mo Labé :
1- Elhadj Mamadou Bôbo (1993-1998)
2- Elhadj Saykou Pellal (1998-1999)
3- Elhadj Abdoulaye Daaka (1999-2001)
4- Elhadj Amadou mo Alfa Yaya (2001-2010)
5- Elhadj Mamadou Fadiya ( A partir de 2010).
(D’après le livre de Hadja Zeynab Koumanthio